Passage sous le Tropique

Carnet de bord de Raphaëlle

Décembre 2014

Contrairement au carnet principal, les archives se lisent de haut en bas...

Long Island, Bahamas (suite)

1er décembre, Salt Pond

La fin des ouragans

Ça y est! C’est la fin officielle de la saison des ouragans. Nous avons eu de la chance d’être au bon endroit au bon moment. Dans ce contexte, il est approprié de parler de chance, car notre choix était risqué. Par contre, si nous devions encore naviguer durant la mauvaise saison, ou plutôt la saison à risque, nous resterions à l’abri. Ce fut un stress de (presque) tous les jours, avec plusieurs alertes inquiétantes.

2 décembre, Salt Pond

Le mécanicien est là. Jacques a tout préparé : le sol est nettoyé, tout ce qui a pu être déplacé pour faire de la place l’a été, les vis ont été lubrifiées pour qu’elles se défassent plus facilement. « Si vous avez des outils, je peux démonter la pièce maintenant et voir si je peux faire les réparations ». En deux temps trois mouvements, le moteur est reculé, le carter est démonté. « Je peux ressouder le carter, mais les créneaux de la pièce de liaison sont brisés sur la moitié de la longueur. » Non seulement c’est une pièce dispendieuse, mais pas évidente à trouver... « Je peux essayer de tout démancher et de retourner la pièce centrale ». Non seulement il est capable de souder de la fonte d’aluminium, mais en plus il pense pouvoir démonter une pièce qui n’est vendue qu’en ensemble prémonté... Nous reprenons espoir. Ces derniers jours, toutes les solutions ont été envisagées pour la venue de Malika et Martin, y compris l’annulation pure et simple de leur visite. C’est aussi ça, la réalité des iles. À cause du manque de pièces disponibles et des délais de livraison depuis l’étranger, on y trouve encore des mécaniciens capables de réparer, et pas seulement de changer une pièce. Notre moteur diesel me fait penser à ma première voiture, une Renault 4L. Il n’y avait pas d’électronique en ce temps-là, les différentes parties étaient identifiables et, avec l’aide de mon papa, j’avais été capable de faire quelques réparations moi-même. Sur les voitures d’aujourd’hui, on ne peut même plus faire les changements d’huile soi-même, et seul un garagiste qui possède l’ordinateur de la marque peut faire un diagnostic...

3 décembre, Salt Pond

Hé oui, nous sommes toujours à Salt Pond. Le mécanicien a appelé. Les pièces du moteur sont réparées, il viendra les installer demain matin. Nous devrions également recevoir l’hélice de l’annexe demain. Départ vendredi? Je l’espère. Il faudra aussi composer avec la météo. En attendant, les occupations ne manquent pas à bord du Chantemer : Gaétan lit dans le hamac, Sylvain dessine des poissons avec l’aide du livre offert par Maïa, Jacques essaye de remonter le dessalinisateur et moi, je profite de ce que l’ordinateur est libre pour trier les photos, écrire mon carnet et mettre notre site web à jour.


4 décembre, Salt Pond

Je l’ai manqué! J’ai manqué le passage du tropique du Cancer!!! Je savais qu’il traversait Long Island, mais je pensais que c’était un peu plus bas. En fait, c’est plus bas que la deuxième étape que nous avions prévu dans cette ile, étape que nous avons finalement sautée pour récupérer l’hélice du moteur hors-bord de l’annexe. Nous sommes donc sous les tropiques depuis près d’une semaine sans le savoir. 5 minutes de latitude équivalent, par définition, à 5 milles nautiques, c’est-à-dire à moins de 10 km... Le passage d’un tropique n’est pas le mythique passage de l’équateur, mais comme nous n’avons pas prévu de passer l’équateur, j’aurais bien aimé souligner le passage de cette ligne virtuelle qui ne figure pas sur les cartes de navigation. Le soleil flirte en ce moment avec l’autre tropique. Il nous faudra patienter plusieurs mois avant qu’il ne passe par-dessus nos têtes pour briller à notre nord.

5 décembre, Salt Pond

Un bulletin scolaire?!? L’école m’a envoyé un courriel en vue d’organiser une évaluation de Sylvain et Gaétan afin que l’école puisse émettre un bulletin scolaire à la fin de la deuxième étape. Je peux comprendre qu’ils veuillent une évaluation en cours d’année, même si cela me parait difficile et que j’avais compris que l’évaluation se ferait à notre retour (par la présentation du porte-folio et par les examens du ministère). Je pensais qu’un bulletin servait à informer les parents des progrès de leur enfant et des éventuelles difficultés qu’il rencontrait. Je peux vous affirmer que je sais exactement ce que mes garçons ont assimilé et les notions avec lesquelles ils ont encore besoin de travailler. Le bulletin que j’ai toujours attendu avec impatience me parait pour une fois bien superflu. Finalement, tout est rentré dans l’ordre, ce n’était qu’un malentendu. L’école continue de nous soutenir, comme au commencement.

6 décembre, vers le sud de Long Island

Enfin, nous partons. Le vent va virer un peu au nord pour les deux prochains jours, ce qui facilitera notre progression vers l’est. Ensuite... On espère que les prévisions vont changer, car nous risquons de rester quelques jours coincés. Tous les moteurs fonctionnent. Les réservoirs d’eau, de diésel, d’essence (pour l’annexe) et de propanes sont pleins. Nous sommes prêts pour affronter plusieurs journées de traversées d’affilée, mais avec des escales à l’ancre pour les nuits, sans aucune garantie d’être protégés de la houle.

7 décembre, sud de Long Island

Nous n’aurons pas vu grand-chose du sud de cette grande ile. Nous sommes arrivés de nuit et nous nous sommes ancré assez loin du rivage (nous avons été plus que bercés cette nuit...). Il est 5 heures. Malgré la pleine lune, nous ne faisons que distinguer le rivage. Nous partons vers Acklins, plein est. Il nous reste deux étapes avant d’arriver à Providence, pour y attendre nos grands. Selon la météo, les deux étapes peuvent prendre deux jours... ou plus.

Malgé un séjour de huit jours, je n’ai pas l’impression d’avoir visité Long Island. Il y a peu d’ancrages et pas grand-chose d’accessible à pied. Nous avons hésité à louer une voiture, mais il faut faire des choix...


Acklins Group, Bahamas

8 décembre, Atwood Harbour, Lady Slipper Cay

Ce mouillage est décrit comme un ancrage pour les bateaux qui choisissent le passage du nord. C’est le seul ancrage possible sur la rive nord des iles Crooked et Acklins, encore faut-il le quitter avant que le vent ne tourne au nord ou au nord-ouest. Nous y sommes coincés pour deux jours. Moi, des « coins » comme celui-ci, j’en veux bien à chaque ancrage. Quel paradis! Une plage immense bien protégée, des coraux pour nager, une plage sur l’océan avec de belles vagues à proximité, une mangrove à l’autre bout de la baie... et personne. Il y avait un bateau à notre arrivée, mais il est parti ce matin. Nous retrouvons le plaisir de nous promener nus sur le bateau, de nager nus. Il y a même des conques et des poissons! Il ne reste plus qu’à trouver des langoustes...

Le petit coin de paradis est en train de se transformer en cauchemar avec l’invasion de bibites volantes. Ce sont tout d’abord les mouches qui viennent se réfugier par dizaines dans le Chantemer après une averse, nous pensions les avoir laissées dans les Abacos. Puis les moustiques apparaissent quand le vent ou le soleil baisse. Enfin, des nuées de Sun Flys nous attaquent. Ce sont des moucherons à peine visibles à l’œil nu dont la morsure provoque une douleur inversement proportionnelle à leur taille. Avez-vous déjà mis le pied dans une fourmilière de petites fourmis rouges? Ça fait le même effet sauf qu’il ne suffit pas de s’éloigner et de se secouer pour s’en débarrasser...

9 décembre, Atwood Harbour, Lady Slipper Cay

1 heure

Je me réveille en sursaut. Qu’est-ce qui se passe? Le catamaran est en train de se renverser!!! Mais non, c’est juste une grosse vague qui nous a pris de travers, le vent a dû tourner et nous mettre parallèle à la petite houle. Le bateau oscille autour de l’ancre. Lorsque le catamaran se met parallèle à la houle, une vague plus grosse que les autres nous réveille brutalement puis nous renvoie perpendiculairement à la houle. Le catamaran se calme, nous nous rendormons... et le cycle recommence.

2 heures

Bang badaboum!!! « Jacques, vite! C’est la canne à pêche. Il faut la rattraper avant qu’elle ne tombe à l’eau. » Je l’avais vue, négligemment posée sur le pont, mais j’ai oublié de la remettre dans son support. Trop tard, la canne à pêche a disparu. Prenant mon courage à deux mains, je saute dans l’eau, elle n’est pas trop profonde et Jacques éclaire avec le spot. Mais la houle, qui a beaucoup grossi depuis la veille et qui rentre maintenant sans peine dans la crique, a tant remué le sable que je ne vois pas à 30 cm. Je remonte transie et frustrée.

3 heures

Je n’arrive pas à dormir avec les soubresauts du bateau. Je suis morte de peur, d’une terreur nocturne, irraisonnée. Je sais bien que les vagues ne peuvent pas renverser le catamaran, mais, à la lumière de la lune qui est presque pleine, les vagues qui se brisent sur la barrière de corail sont vraiment impressionnantes. La passe, qui se repère normalement parce qu’il n’y a pas de brisants, est invisible. Elle a disparu. Nous sommes piégés dans ce trou inconfortable! Comment allons-nous nous en sortir?

5 heures

Cette fois-ci, je ne peux pas tromper mon angoisse en me mettant en mode solution, seule la clarté du jour nous permettra d’évaluer la situation. Je n’arrive pas à dormir, autant lire.

6 heures

La houle a effectivement considérablement augmenté et a changé de direction, elle entre sans encombre dans la baie. Pourtant, le vent reste faible. Ce doit être un phénomène météo loin au large qui a provoqué ce changement; nous n’avons rien vu venir. Dans le guide, c’est bien indiqué de ne pas rester ici par vent du nord ou nord est, mais la météo annonçait un vent de 5 nœuds, normalement trop faible pour créer de la houle. Les vagues déferlent loin du rivage à peine un peu plus loin que notre ancrage. Au nord de la baie, l’eau semble plus calme. Nous décidons de changer d’ancrage avant même de déjeuner. Après plusieurs tentatives, l’ancre semble avoir crochée. Jacques tente de le vérifier de visu, mais la visibilité sous l’eau est nulle. Au moins, notre embarcation est plus stable et nous n’avons plus besoin de nous accrocher, il suffit de garder les pieds bien écartés.

10 heures

Bang!!! L’ancre vient de se décrocher... Nous ne dérivons pas beaucoup et nous sommes loin du rivage qui est de sable. Le déménagement attendra.

14 heures

Il est temps de planter notre ancre comme du monde. Nous essayons à plusieurs endroits, l’ancre finit par mordre. Seule l’épreuve du temps nous dira si c’est pour de bon. Malheureusement, nos essais nous ont conduits plus près de la plage et plus près des grosses vagues. Nous décidons donc de mettre une deuxième ancre à l’arrière pour maintenir le bateau perpendiculairement à la houle. Nous devons changer la façon dont l’ancre est fixée au Chantemer à plusieurs reprises avant de trouver une solution qui ne donne pas l’impression que tout va s’arracher.

15 heures

Tout le monde en maillot, nous allons à la plage à la nage. Nager fait du bien. Pour nous réchauffer, nous courrons tous les quatre sur la plage, les pieds léchés par les vagues, le visage inondé de soleil tiède, le corps caressé par la brise. J’ai une pensée pour toutes celles et tous ceux qui courent dans les rues de Montréal et des autres villes... Nous marchons ensuite jusqu’à la plage côté océan. De près, la situation nous parait encore pire. Des vagues de trois mètres déferlent au niveau de la barrière de corail. Régulièrement, elles se brisent également à l’endroit de la passe. Le passage avec un aussi petit bateau que le nôtre nous parait trop risqué. Heureusement, notre rendez-vous à l’aéroport de Providence, dans les Turks and Caicos, n’est que le 19 décembre. Nous ne sommes qu’à deux jours de traversées. Nous sommes dans un ancrage indiqué sur toutes nos cartes, le blocage de l’entrée doit être exceptionnel. Nous avons bon espoir que tout s’apaise d’ici quelques jours. Seule certitude, ce n’est pas la nuit prochaine que nous mettrons les voiles...

17 heures

Une fois de plus, nous changeons la configuration des cordages pour maintenir l’ancre à la poupe (l’arrière du bateau). Cette fois, la charge est bien répartie sur les deux taquets, de chaque côté du bateau. Nous n’avons plus la sensation que le catamaran va se retourner, mais l’arrêt est parfois si brusque que nous en perdons l’équilibre.

18 heures

Je laisse encore un peu plus de mou à l’arrière, pour que les coups de butoirs soient moins rapprochés. La houle semble avoir changé de direction et il y a moins de grosses vagues qui passent sous les coques. Nous devrions mieux dormir que la nuit précédente, mais le Chantemer reste inconfortable.


10 décembre, Atwood Harbour, Lady Slipper Cay

Du bateau, les vagues au niveau de la barrière de corail sont nettement moins hautes que la veille. Le vent vient maintenant du nord-est, la houle entre moins dans la baie. Nous tentons de retrouver la canne à pêche, nous connaissons approximativement l’endroit où elle est tombée. Il y a moins de trois mètres de fonds, mais les vagues ont tellement remué le sable que la visibilité n’est que de quelques dizaines de centimètres. Au fond, c’est pire. De forts courants balayent le sable, il faut avoir le masque à dix centimètres pour distinguer la surface. Dans ces conditions, en apnée, on perd beaucoup d’énergie à descendre puis à remonter pour quelques secondes par plongée. Nous faisons chou blanc.

Pour confirmer notre départ la nuit prochaine — le vent annoncé est favorable — nous retournons sur la plage côté océan pour observer la mer et la passe. C’est indéniable, les vagues sont moins grosses. Mais elles sont tout aussi impressionnantes!!! Une fois de plus, le départ est retardé.

11 décembre, Atwood Harbour, Lady Slipper Cay

La baie n’a pas encore retrouvé son calme, mais la passe semble praticable. Le soleil baisse, il est temps de préparer le catamaran pour la traversée. Première étape : récupérer la deuxième ancre. Depuis l’annexe, nous tirons sur le câblot pour que la chaloupe se place juste au-dessus de l’ancre, la visibilité sous l’eau est toujours mauvaise même s’il n’y a que deux mètres de profondeur. Le principe des ancres modernes — qui ne ressemblent pas aux ancres tatouées sur les bras des marins — c’est de résister à une traction horizontale, mais de lâcher prise dès que la traction est verticale (c’est pourquoi il faut laisser une grande longueur de chaine, la touée). L’annexe pique du nez au point que l’hélice du moteur sort de l’eau, mais l’ancre ne bouge pas d’un pouce (ni même d’un minimètre, pour ceux qui sont plus à l’aise avec le système métrique). Il faut aller voir ce qui se passe. Je me déshabille prestement et plonge pour aller chercher mon masque sur le catamaran. Je me guide en suivant la chaine et je fouille le sable avec mes mains. Je sens l’ancre à une vingtaine de centimètres sous la surface. Les coups de butoir que nous avons subi l’ont profondément enfoncée. Nous n’avons aucune chance de la sortir de là avec le moteur 15 CV de l’annexe. Retour au Chantemer. Nous lâchons toute la chaine de l’ancre avant et nous tirons tous les quatre sur le câblot pour faire avancer le catamaran au-dessus de l’ancre arrière. Grâce au winch de la grand-voile, Jacques réussit à la libérer! Ce n’est que la deuxième fois que nous mouillons avec nos deux ancres, nous manquons singulièrement d’expérience...

Mayaguana, Bahamas

12 décembre

Vers Mayaguana

Le Chantemer file toute voile dehors. Le vent est parfait, la mer offre une houle plate et longue que le catamaran escalade sans effort. Les conditions sont idéales, nous avons eu raison d’attendre.

Abrahams Bay

Mayaguana, la seule ile des Bahamas qui a conservé son nom lucayan (la première nation amérindienne qui a occupé ces terres, disparue depuis longtemps). Mayaguana, la limite est des Bahamas, ile peu développée. Abrahams est un village constitué de deux routes de terre battue qui se croisent et de quelques chemins. Il y a tout de même un bureau de douane et d’immigration, un bar et une épicerie. L’entrée de l’épicerie est au bout d’un couloir ouvert sur la rue, un panneau « open » accroché sur une porte en bois. Mais c’est fermé... En repartant, un homme sort de la maison d’à côté. Nous lui demandons si l’épicerie est ouverte et il va chercher les clefs. C’est une grande pièce sombre avec un unique rayonnage en son milieu. Il n’y a pas grand-chose, nous nous y attendions. Il nous explique que le bateau arrive le lendemain, il faudra donc revenir si nous voulons des produits frais. George, le propriétaire du magasin, est très sympathique. Il nous indique la maison de sa cousine, car je cherche un panier en artisanat local. Il offre un sac de cacahouettes aux enfants.

Nous trouvons sans difficulté la maison de la cousine qui nous fait entrer. Elle nous présente ses réalisations : de magnifiques chapeaux et quelques paniers. Je suis aux anges. Cela fait un moment que j’ai eu l’idée d’offrir un panier pour les 20 ans de Malika, mais, depuis que j’en cherchais un, je n’en trouvais plus... C’était notre dernière chance et j’ai fait exactement l’achat dans les conditions que je souhaitais, directement auprès de l’artisane.

Providenciales, Turks and Caicos (UK)

13 décembre, vers Providenciales

Quitter les Bahamas après plus de 5 mois me laisse déjà quelques regrets. Je garderai un excellent souvenir du premier pays que nous aurons visité au cours de notre périple.


14 décembre, Sapodilla Bay

La première impression des Turks and Caicos n’est pas très favorable. C’est joli, mais les gens disent peu bonjour — ça peut être un phénomène lié à la ville. Il n’y a pas de mouillage proche de la ville. Nous sommes dans un bel ancrage, à proximité d’une jolie plage bordée de villas de location (avec des passages publics entre les maisons!), proche d’un port d’entrée où l’on peut faire les formalités de douane et d’immigration. Mais la ville est loin, 4 km. Il n’y a ni bus ni épicerie. Les taxis ont la réputation d’être très chers. Nous sommes cependant soulagés d’être arrivés à bon port. Il nous reste quelques jours pour repérer les lieux, faire une grosse épicerie et trouver une solution pour chercher nos grands et leurs trois valises à l’aéroport.

15 décembre, Sapodilla Bay

Enfin des navigateurs sympas! Nous avions fait leur connaissance la veille en faisant un détour au retour de la plage pour les saluer et ils avaient l’air enchantés. Comme ils connaissent bien le coin, nous les avons invités à diner en échange d’informations sur les Turks and Caicos. De la pizza, ça peut paraitre banal, mais il n’y a pas de pizzeria ici et peu de navigateurs en cuisinent sur leur bateau. Et puis, je suis assez fière de ma pizza faite de pâte fraiche et de sauce maison en conserve. Linda et Chris habitent sur un bateau depuis 30 ans. Ils naviguent entre les Turks and Caicos et les Bahamas depuis des années et vivent de la fabrication de bijoux artisanaux qu’ils vendent à différentes boutiques. Ils sont généreux de conseils et d’anecdotes de navigation. Le repas s’étire et la barrière de la langue ne se fait pas trop sentir. Même les garçons sont gentils et vont jouer aux cartes sur l’autre table. C’est ce genre de rencontre que nous souhaitions avoir lors de notre voyage, nous espérons qu’il y en aura de plus en plus.

16 décembre, Five Cays

La nature n’est pas toujours bien faite. Des poils clairs sur une peau foncée sont infiniment moins visibles que des poils noirs sur une peau blanche. Sous l’effet combiné du soleil et du sel, mon corps est recouvert de duvet blond. Pour moi qui ai toujours été complexée par ma pilosité (mais ils viennent avec mes cheveux), ça me fait des vacances. Même mes cheveux ont blondi, certains sont tellement clairs qu’ils sont blancs! Bon, ceux-là, je serais surprise qu’ils redeviennent bruns lorsque nous quitterons le soleil des tropiques...

17 décembre, Five Cays

Ça fait presque 6 mois que je repousse cette corvée : le décrassage du cockpit. La plupart des surfaces horizontales du pont sont antidérapantes, avec des petits losanges en reliefs appelés « pointes de diamant ». C’est efficace, mais vraiment pas facile à nettoyer. L’effet combiné d’absence de l’école et de la visite qui approche m’ont enfin donné la motivation suffisante. Armée de brosses, d’éponges et d’un pic à dentiste pour déloger les saletés des rainures me voilà à quatre pattes sous la table. Ma potion de récurage fonctionne bien : beaucoup de bicarbonate de soude, un peu d’eau et un peu de produit à vaisselle compatible avec l’eau de mer. Le tout est mis dans une bouteille de miel. En secouant bien, on obtient une mousse crémeuse, facile à rincer, qui ne nécessite pas de mouiller la surface avant usage. J’asperge, je frotte, je brosse puis je rince (à l’eau de mer). Ça ne brille pas, mais c’est relativement propre. Il reste les étranges traces noires en forme de mauvais coups de pinceau sur l’antidérapant et son pendant jaunâtre sur les surfaces lisses qui résistent à tout. Le bateau a été bizarrement entretenu par le précédent propriétaire...

Nos mousses sont de vrais marins à l’ancienne. Il faut les voir grimper dans les cordages et les haubans, avec agilité et rapidité, sans crainte (ce sont eux qui n’ont pas de crainte, quant à mon cœur de mère, il essaie de ne pas imaginer le pire et de leur faire confiance...).


19 décembre, Sapodilla Bay

« Ils arrivent! » crie Sylvain. Vite! Mon appareil photo... Mais? L’annexe continue tout droit vers un autre voilier. « Êtes-vous certain que ce sont eux? » « Oui, oui ». Enfin, ils arrivent pour de bon. Jacques m’expliquera plus tard qu’ils ont pris un passager en bateau-stop. La première réflexion que je me fais c’est qu’ils sont tout blanc. « Martin, t’es-tu rasée pour ne pas avoir la trace de bronzage? » « Oui... » Je m’attendais à les retrouver grandis, mais non. Malika fait toujours la même taille que moi et Martin à la taille d’un Petitjean et non d’un Chenal. Qu’ils sont beaux!

18 décembre, Turtle Lake

Petit à petit, je me laisse apprivoiser par ce pays. La première mauvaise impression laisse place à la découverte de ce qui est différent des Bahamas. Ses collines, à la fois douces et arides, sont couvertes d’une végétation surprenante, sauvage, piquante. Des cactus géants, des buissons qui ressemblent à du houx nain, une majestueuse branche couverte de petites orchidées.

En annexe, nous visitons un dédale de canaux qui sont bordés de maisons de différents styles, de différentes époques. La population est vraiment dispersée à Provo, il n’y a pas vraiment de centre-ville, les maisons semblent éparpillées sur une bonne surface de l’ile.

20 décembre

Provo

Les provisions de Floride sont presque épuisées, il est temps de remplir les coffres. Pour une fois que nous avons une voiture, et donc que nous ne portons pas les provisions sur le dos, nous ne sommes limités ni par le volume ni par le poids. Cela me fait tout drôle de déambuler à six dans le supermarché, j’ai retrouvé ma tribu. Ces dernières années, les seules activités que nous faisions avec toute la famille étaient les sorties au bar laitier. Cela faisait 5 ans que Malika n’était pas venue en vacances avec nous. J’ai à nouveau l’impression d’avoir quatre enfants (et non seulement d’être la mère de quatre enfants).

Blue Hills et Malcom Beach

Nous profitons de la voiture de location pour faire du tourisme terrestre. Entassés à quatre à l’arrière de la minuscule auto, nous retrouvons le plaisir de prendre les chemins un peu au hasard, comme lorsque nous voyagions en autocaravane. Blue Hills fait penser à une zone sinistrée malgré l’immense plage qui la borde. Les maisons sont délabrées, la plupart des commerces semblent fermés. Nous suivons maintenant un chemin qui serpente entre les collines. Parfois, un dégagement dans la végétation nous permet de voir la mer et de nous rendre compte de la superficie de l’ile, déserte par ici.

The Hole

Nous voici à présent à l’autre bout de l’ile de Providenciales. Contrairement à mon attente, ce n’est pas un « trou bleu », mais un « trou tout court ». Cependant, nous sommes au sommet d’une des nombreuses collines et le gouffre devant nous descend jusqu’au niveau de la mer. Il n’y a aucun garde fou, c’est assez impressionnant et un peu épeurant.

21 décembre, Sapodilla Bay

C’est fou comme l’ambiance familiale habituelle a vite repris le dessus, et pas seulement dans ses bons côtés. Bien sûr, Malika et Martin ne se disputent plus comme avant, mais leur façon de se parler est parfois inadéquate et il y a toujours une rivalité entre les quatre enfants, malgré la différence d’âge et le départ du foyer des plus vieux. Je vais tout faire pour que nos réunions de famille ne deviennent pas comme l’on voit trop souvent dans les films, une occasion pour la fratrie de régler leurs comptes devant témoins. Il y a aussi de grands moments de complicité et de nouveaux partenaires de jeux pour les plus jeunes. L’enthousiasme de nos passagers nous entraine et nous recommençons tous à nous baigner plusieurs fois par jour, malgré la fraicheur – relative – de l’eau.

22 décembre, Little Water Cay

La place est idyllique. Un spot de kite comme Jacques en rêve depuis le début du voyage avec une grande étendue d'eau à faible profondeur (il y a assez de vent et il vient du bon côté). Une grande plage pour jouer au ballon. Un chenal profond pour ceux qui veulent nager. Des iguanes pour le côté exotique. Tout le monde y trouve son compte, l'après-midi est parfaite. Il survient alors un débarquement de touristes, mais ils ne restent pas longtemps. Juste le temps de donner un public à Jacques qui jubille. Je ramène les enfants et une partie du matériel pendant que Jacques range ses affaires. Cette fois, c'est au tour de Martin et de Gaétan de se faire tirer sur les kayaks gonflables. Hum... je n'ai pas choisi le bon chemin, le moteur touche le fond. Mais où est le chemin? La marée est si basse que nous devons tirer l'annexe en marchant dans l'eau. Même en arrivant à proximité du Chantemer, nous avons encore des difficultés. D'ailleurs, les safrans ont l'air bien plantés dans le sable... pourvu qu'ils n'aient pas soufferts (safran : partie mobile qui dévie l'eau propulsée par les hélices ce qui permet de faire tourner le bateau).

23 décembre, Little Water Cay

Malika a 20 ans, cela fait donc 20 ans que je suis maman. Finalement, c’est moins que la moitié de ma vie. Pauvre cocotte, il y a bien des inconvénients à être née un 23 décembre! Dès son premier anniversaire, j’ai dû régler la situation des cadeaux : c’est un cadeau de Noël ou son cadeau d’anniversaire, mais pas les deux à la fois. L’autre conséquence, qui a été un avantage pour ses 14 premiers anniversaires, c’est que nous sommes en vacances en famille à cette période-là. Pour ses 15 ans et ses 18 ans, nous étions en France, elle n’a donc pas pu les fêter avec ses amis. Pour ses 20 ans, là voilà coincée entre ses parents et ses frères, sur un bateau, dans une colonie britannique dont presque personne ne connait l’existence... En plus, elle n’a pas son plat habituel, de la raclette, mais j’ai quand même réussi l’exploit de lui faire des iles flottantes.

24 décembre, Little Water Cay

Sommes-nous déjà le 24 décembre? Il serait temps de préparer Noël. Vite, les décorations! « Je vais préparer une clef USB de musique de Noël » « NON! » La réponse est virulente et unanime... Je suis en vacances, en vacances de Noël. Je ne veux pas dire en vacances dans le temps de Noël, mais en vacances de préparatifs de Noël. C’est sûr que le bord de mer par 30°C aide à oublier que nous sommes en décembre. Et puis, nous n’avons pas fait de calendrier de l’avant cette année, pas de musique, pas d’achats de cadeaux, pas d’épicerie de Noël... En fait, l’évènement attendu par tous cette année était l’arrivée de Malika et Martin, ce qui a complètement éclipsé l’attente de Noël, y compris pour les plus jeunes.

Oh, bien sûr, nous le fêterons ce soir. Sylvain improvise un sapin en carton – il faut bien que le Père-Noël sache où déposer les cadeaux – et je passerais une bonne partie de la journée à mettre les petits plats dans les grands et à faire un repas extraordinaire (c’est à dire hors de notre ordinaire) avec les moyens du bord. Nous aurions bien mangé de la langouste, mais, même si nous en trouvions, nous sommes dans une réserve. Comme nous sommes le seul bateau ancré dans les parages, aucune barque de pêcheur ne nous en proposera non plus. Oups! J’ai oublié d’emballer les cadeaux...

25 décembre

Little Water Cay

Même le Père-Noël doit faire avec les moyens du bord. Il n’a trouvé que deux bas dans le stock de décorations de Noël. Il a donc dû emprunter deux sacs dans la poche voisine, celle d’Halloween. Peu importe, petits et grands enfants se lèvent de bonne heure pour découvrir le contenu de leur bas de Noël.

Grace Bay

Nous voici de retour à la civilisation, à Grace Bay et sa plage immense bordée d’hôtels. Le lagon est parcouru de nombreux bateaux qui offrent diverses activités touristiques. Ici, même les gars doivent descendre aux toilettes, pas question de pisser par-dessus bord. Nous visitons des rues touristiques, bordées de restaurants, de cafés et de boutiques de souvenirs. Mais pourquoi tous les magasins sont-ils fermés? Il n’est pourtant que 16 heures... Mais oui, bien sûr! Nous sommes le 25 décembre, jour férié dans tous les pays chrétiens. Noël est passé comme un éclair cette année, aussi vite que le traineau du Père-Noël.

South Caicos, Turks and Caicos

26 décembre, Caicos Bank

Les trois plus grosses iles ne sont pas accessibles en bateau, car elles sont bordées au nord par un récif et au sud par un immense banc de sable à fleur d’eau. Nous filons donc vers l’extrême est des Caicos. Comme nous avons dû attendre la marée haute pour prendre le chenal entre Providenciales Island et Little Water Cay, nous faisons halte pour la nuit au milieu de nulle part. Dormir au milieu de la mer turquoise était un de mes phantasmes, j’adore cette sensation d’être seule au monde. Apparemment, Malika et Martin ne partagent pas mon extase. Il faut peut-être avoir une âme de marin pour apprécier ce privilège.

27 décembre, Cockburn Harbour

Il y a quelques jours, Jacques a décrété que nous ne remplirions plus les réservoirs d’eau. Comme ce pays ne reçoit que quelques millimètres d’eau en décembre, nous ne pouvons pas compter sur la pluie. Les réservoirs sont quasiment vides. Nous économisons l’eau douce en nous rinçant à peine le soir. Ouf! Il est enfin décidé – je me doutais qu’il changerait d’avis, mais je n’en étais pas certaine. Accoster à un quai est toujours une manœuvre délicate. Faire le plein d’eau, c’est y consacrer une demi-journée. Nous trouvons la marina, qui se résume à une épicerie et à un quai en béton sans aucun service. Oui, ils peuvent nous vendre de l’eau, ils vont préparer le camion. Nous accostons sans encombre au bout du quai, la place la plus facile, et nous attendons...

Dans l’entrefaite, un bateau de pêche arrive avec un baril plein de langoustes. Hum, des langoustes... Nous tournons autour d’eaux, mais personne ne fait attention à nous ni ne répond à nos bonjours. Tout le monde s’affaire à trier les poissons et à les charger sur un camion. Nous n’osons pas les déranger. Un bateau de pêche sportive arrive qui nous demande, à la VHF, de leur céder la place. Pas question! Quelqu’un leur fait signe d’accoster sur le côté. La manœuvre n’est pas facile, les deux hommes ne semblent pas avoir une grande expérience. Jacques se précipite pour les aider. Nous compatissons, nous ne faisions pas mieux qu’eux à nos débuts, qui ne sont pas si lointains... Un camion chargé d’une citerne arrive. Il est équipé d’une pompe puissante, nos réservoirs d’eau se remplissent en quelques minutes. Nous prendrons tous une douche ce soir.


28 décembre, Long Cay

J’aime ces paysages arides, composés de cailloux partiellement recouverts d’une végétation basse est variée. La marche n’est pas facile, mais la vue du haut des collines est tellement belle! Martin et Gaétan auraient dû venir.

Cet ancrage est décidément exceptionnel. En plus d'avoir péché des conquues, nous voici maintenant dans les coraux. Ce ne sont pas de grosses patates, mais des coraux dispersés et diversifiés, avec des poissons nombreux et colorés. Malika, vraiment très myope, ne peux pas jouir de ce paysage sous-marin, c'est dommage.

29 décembre, Cockburn Harbour

Ce bourg a des airs de ville fantôme avec ses nombreuses maisons abandonnées, plus ou moins en ruines, ses rues désertes, ses chevaux errants. Dans l'ensemble, c'est mal entretenu et des détrius trainent un peu partout. Les rares personnes que nous croisons répondent à peine à nos saluts.

Pourtant, le lieu est magnifique. La salière abondonée offre des couleurs splendides, du rouge au turquoise, et abrite une colonie de flamands roses.

Une maison en ruine, tout en haut de la coline, nous fait rêver Jacques et moi. Elle a dû être magnifique avec ses jardins en cascades, ses rocailles, ses terrasses, sa vue imprenable sur 360°. Quelle est son histoire? Qui habitait-là? Pourqoui a-t-elle été abandonnée? Nous n'aurons pas la réponse à ces questions. Comme toujours, Jacques et moi capotons sur les mêmes maisons. Aurons-nous un jour notre petite maison en haut d'une colline avec vue sur la mer? C'est un rêve et non un objectif. Qui sait ce que l'avenir nous réserve? Les possibilités qui s'offreront à nous? Les chemins que nous choisirons?

30 décembre

Cockburn Harbour

Nous sommes de nouveau ancrés au large du quai des pêcheurs. Hier, lors d’une tentative de départ, le coupleur du moteur tribord – réparé à Long Island – nous a bruyamment signifié qu’il avait craché ses dernières dents. Rien de grave, Jacques avait commandé la pièce usagée au Canada, elle était dans les bagages de Malika. Il faudra cependant quelques heures au capitaine, beaucoup de sueur et quelques jurons pour remonter le tout. Pendant ce temps, nous salivons devant les langoustes qui défilent dans les petites barques de pêche. Jacques, le dos en compote, mais soulagé d’avoir enfin replacé la dernière vis, hèle une barque qui passe au large. Nous négocions à peine, mais nous aurons de la langouste pour le Nouvel An! Et tant pis si ce n’est pas nous qui les avons pêchés.

Fishs Cays

Nous sommes partis trop tard, nous n’arriverons pas à Ambergris avant la nuit tombée, or ces cays sont entourés de patates de corail. Nous nous déroutons donc vers Fish Cays, reconnu pour être houleux, mais plus proche. « RRRrrrr » Le bruit tant redouté se fait entendre, la quille racle du corail. Jacques nous sort de là et zigzague entre les plaques de corail, selon les indications que nous lui donnons. Le catamaran semble lui obéir au doigt et à l’œil. Le soleil est rasant, la visibilité n’est pas bonne. Avec le vent nous avons froid, mais nous faisons le guet tous les cinq jusqu’à ce que le Chantemer soit ancré. Dans cet environnement magnifique, mais dangereux, il faut aller vérifier si les taches noires à proximité sont des algues ou des coraux. Le soleil est presque couché, j’ai froid. Je me déshabille, enfile mon masque et saute à l’eau. L’ancre est bien enfoncée dans du sable, il n’y a aucun coraux à proximité. La quille tribord est tout éraflée, mais aucune réparation urgente n’est nécessaire. Par contre, le safran bâbord semble avoir un peu plié sur son axe. Il tourne sans effort et aucune fuite n’est décelable. Nous espérons que ce n’est rien de grave.

31 décembre

Fish Cays


Nous avons été brassés toute la nuit, mais quelle belle ile! La plage est magnifique, il y a un massif de corail impressionnant un peu au large (nettement plus sympathique vu à travers un masque que depuis le pont du bateau) et un couple d’aigles y règne. Je m’attendais à ce que ce gros rocher ressemble à Long Cay, qui est assez proche, mais non. Sa faible élévation, sa petite taille et son isolement des autres iles – l’océan n’a pas d’autres obstacles ni au nord ni au sud – séparent le territoire en deux zones bien distinctes. La côte est, balayée par la houle atlantique, offre des rochers à vif parfois recouverts de galets constitués de morceaux de coraux. La côte ouest, tournée vers le Caicos Bank, offre des criques bordées d’une dune de sable. Sa végétation compte de nombreux cactus, dont des coussins que nous n’avons vus nulle part ailleurs.

Au large de Fish Cays

Il y a décidément trop de patates de corail dans cette zone... Nous décidons donc de renoncer aux Ambergris Cays et de remonter vers Six Hills Cays. La navigation en slalom entre les taches noires, qui indiquent les coraux mais pas leur profondeur, est stressante et nécessite un soleil plombant. Or, le lendemain, il aurait fallu partir à l’aube pour être à Provo en fin d’après-midi. Le moment du départ des grands approche.

Six Hills Cays

Nous faire travailler un jour de fête! Techniquement, nous sommes la veille du Premier de l’an, mais à force de fêter les veilles plus que les jours de fête eux-mêmes, je suis un peu mêlée. Nous reportons cette corvée depuis des semaines, mais nous voulons profiter de la main-d’œuvre supplémentaire pour gratter les coques du navire. Les bernacles qui se sont incrustées lors de notre séjour en Floride n’ont pas trop grandi, mais leur coquille est extrêmement coupante. Certaines algues dépassent 20 cm de long...